Retour sur l’entretien avec Jean-Michel Fabre. Quels enjeux pour le logement social en Haute-Garonne?

Mercredi 5 mai, nous étions une trentaine de participants à échanger en visioconférence avec Jean-Michel Fabre, président de l’USH Occitanie (Union Sociale pour l’Habitat). L’échange a duré plus de 2 heures et c’était l’occasion de discuter sur les enjeux du logement social en Haute Garonne.

Manque d’offre, hébergement saturés, aujourd’hui nous en sommes au pic de la crise de logement en Haute-Garonne. La production des logements sociaux a diminué de 25% en 5 ans, en passant de 12 600 à 9 400 logements. Aujourd’hui, on compte 160 000 demandeurs, soit 40 000 de plus qu’en 2014…

Pourquoi les bailleurs sociaux peinent à accéder au foncier pour construire de nouveaux logements sociaux?

Tout simplement car le coût d’emprunt pour les bailleurs sociaux est trop élevé et les aides financières venant de l’Etat sont aujourd’hui quasiment nulles. Il en résulte une inflation du foncier au sein des métropoles et la mise en place d’une concurrence entre les bailleurs sociaux et les promoteurs immobiliers. Cela mène inévitablement à de la spéculation sur un foncier public qui se fait déjà rare.

Cette pénurie d’aides pour construire est suivie de mesures comme la baisse des APL et la mise en place de la RLS (Réduction de Loyer de Solidarité). Cette dernière consiste en une remise sur le loyer des locataires du parc social proportionnelle au montant de la baisse des APL. Cela suppose une perte d’argent pour les bailleurs sociaux, qui voient diminuer leur ressources pour la construction de nouveaux logements! Au total, la perte s’élève à 1 million d’euros, de quoi produire 40 logements, nous rappelle Jean-Michel Fabre. Résultat, on demande aux BS de vendre des logements pour compenser la perte causée par les politiques de l’Etat et aux personnes dans le parc social qui ne se voient pas attribuer un logement d’en payer les conséquences.

D’un autre côté, le parc privé, beaucoup moins régulé, est constitué de 80% de logements construits en défiscalisation à Toulouse. Jean-Michel Fabre souligne que la quantité de ressources financières de l’Etat dirigée vers l’aide à la défiscalisation est plus importante que celle destinée à l’aide au logement social… Si l’Etat veut mettre un moyen de frein à l’inflation des loyers il doit agir sur la défiscalisation, plus grosse niche fiscale en France aujourd’hui.

Pour une amélioration des conditions de vie dans les HLM :

Les questions d’insécurité constituent une grande problématique à régler concernant les HLM. Là où l’Etat manque, les bailleurs sociaux s’organisent en mettant en place les GITeS à Toulouse (Groupe Inter-quartiers de Tranquillité et de Sûreté). Mais il est primordial que l’Etat prenne ses responsabilités en appliquant des dispositifs solides et encadrés par la loi pour assurer une sécurité efficace aux locataires.

Rappelons que le droit à la tranquillité résidentielle représente une inégalité sociale énorme. L’Etat doit prendre des mesures pour le garantir à toustes les locataires, quel que soit leur lieu de résidence.

Les passoires thermiques sont aussi une issue sur laquelle il faut concentrer d’importants efforts économiques. Si le prix de la réhabilitation s’élève entre entre 40 et 50 000 euros, elle représente une source d’économie pour les locataires. En effet, la diminution du coût de chauffage pourrait leur représenter l’économie d’un mois de loyer.

Il reste toutefois à concevoir des logements où réhabilitation thermique ne soit pas synonyme de nuisances sonores à l’inérieur des immeubles. En même temps, une isolation qui soit effective en hiver doit permettre aussi une bonne gestion thermique l’été, un problème qui persiste dans certains logements.

La transition d’une passoire thermique à un logement neuf ne doit pas non plus être synonyme d’augmentation de taux d’effort pour les locataires. Il est indispensable que les collectivités locales accompagnent financièrement les bailleurs sociaux pour construire des logements à loyer bas.

Face à cette crise du logement social qui atteint aujourd’hui son pic, nous exigeons que l’Etat et les collectivités locales agissent pour: maîtriser le foncier foncier, investir massivement dans la production de LLS (Logements Locatifs Sociaux) et diriger l’argent public qui alimente la banque des territoires et L’Action Logement vers les fins qui leur correspondent !

Cette gouvernance des politiques du logement social par des intérêts mercantiles est catastrophique. Nous continuerons de lutter pour celleux qui doivent payer les conséquences de cette gestion du logement social tant qu’il le faudra.

Consultez la retransciption de l’entretien en son intégralité disponible ci-dessous! :

CR-Conférence-JMFABRE